Vous avez envie de manger sainement et de favoriser le respect de la nature et de l’environnement ? Pour identifier facilement des produits et des exploitations agricoles et viticoles qui respectent la biodiversité, le label HVE a vu le jour et est de plus en plus présent.
Alors, que vaut ce fameux label ? Qu’est-ce qu’il garantit ?
Spoiler : vous allez être (très) déçus.
Qu’est-ce que le label HVE ?
Le label HVE, Haute Valeur Environnementale, a été créé par l’Etat en 2012.
Il fait suite au Grenelle de l’Environnement de 2007, et la volonté affichée de valoriser le respect de la biodiversité au sein des exploitations agricoles.
Il se reconnait facilement :
- Une ferme au milieu des champs
- Un soleil qui se lève derrière
- Des arbres et un papillon
- Et le nom en grosses lettres « Haute Valeur Environnementale ».
Ce label, on le retrouve désormais un peu partout sur les marchés et dans les grandes surfaces : fruits, légumes, viande, vin… Une part grandissante des produits frais ou vins que l’on trouve affiche fièrement ce logo et cette certification.
Le label repose sur 4 thématiques :
- La préservation de la biodiversité
- La stratégie phytosanitaire
- La gestion de la fertilisation
- La gestion de l’irrigation
Quel est l’objectif affiché ?
Avec un nom pareil, Haute Valeur Environnementale, l’objectif semble plutôt clair.
Préserver la biodiversité
Comment ne pas être sensible à la cause environnementale de nos jours ?
Comment ne pas réagir face à la disparition massive des espèces animales et végétales partout dans le monde, y compris dans nos campagnes ?
Comment ne pas être sensible aux scandales de produits phytosanitaires que l’on retrouve dans notre eau du robinet, dans les cheveux de nos enfants, dans nos assiettes ?
Mettre en avant la défense de l’environnement et de la biodiversité est plus que louable, c’est nécessaire. Et c’est justement la promesse phare de ce label HVE.
Pour cela, l’Association Nationale pour le développement de la certification Haute Valeur Environnementale annonce haut et fort des promesses !
« La promesse d’une agriculture vertueuse
La promesse de la Haute Valeur Environnementale, c’est une agriculture :
- Qui intègre et développe la biodiversité dans la conduite de l’exploitation,
- Qui limite au maximum les intrants (phyto, engrais, énergie, aliments extérieurs, etc.). Pour une agriculture à la fois autonome et peu dégradante pour les sols, l’eau, l’air. »
Voilà ! C’est dit !
Le label HVE, c’est la promesse d’une agriculture vertueuse qui préserve la biodiversité !
Faire évoluer l’agriculture
A l’origine, le label et la certification se voulaient comme une transition de l’agriculture intensive et déraisonnée, à base de produits toxiques et de conditions d’élevage parfois scandaleuses, vers une agriculture plus écologique qui respecte la nature et les animaux.
Plutôt que d’imposer une transformation brutale à grands coups de lois et d’obligations, le passage par le label HVE se voulait être une transition douce. Les agriculteurs sont informés, éduqués, incités à revoir leur mode de production et à se tourner toujours plus vers des procédés plus respectueux de l’environnement.
En soi, c’est donc une très bonne idée.
Une alternative aux labels bio
Le label HVE est une alternative au 100% Bio pour les agriculteurs qui veulent se tourner vers une démarche plus écologique, sans passer pleinement au bio. Ce qui peut s’entendre pour plusieurs raisons.
Car oui, le Bio, au sens label et cahier des charges, n’est pas forcément la solution idéale pour tout et tout le monde.
Tout d’abord parce qu’il existe plusieurs labels, avec chacun son cahier des charges et ses contraintes.
Ensuite, parce que certains viticulteurs, éleveurs ou agriculteurs préfèrent d’autres approches telles que la biodynamie. Il en existe plusieurs.
Vous pouvez même trouver des petits exploitants, maraîchers, éleveurs, etc., qui ont une approche très écologique et exemplaire dans leur quotidien, mais sans suivre un cahier des charges particulier. Ils ont juste à cœur de produire sainement et de préserver l’environnement.
Enfin, un label bio reste une démarche payante, qui peut coûter (très) cher à un exploitant agricole. Et le prix des produits sur le marché est géré de façon très discutable, tout comme les aides accordées par l’Etat / l’Union Européenne. Aujourd’hui, un agriculteur ou un éleveur bio va être moins soutenu financièrement qu’un exploitant qui balance des pesticides nocifs en quantités industrielles dans la nature. Allez comprendre…
Ah et, ajoutant encore à cela que le marché du bio se tend, et que nombre d’exploitants ont de plus en plus de mal à rentrer dans leurs frais.
Ainsi, certains exploitants peuvent ne pas vouloir de conversion à l’agriculture biologique. Ce qui peut se comprendre.
Sur le papier, la démarche du label HVE part donc d’une très bonne idée et d’une bonne initiative.
On préserve la biodiversité, on aide et on incite les agriculteurs à faire évoluer leurs pratiques, le consommateur mange mieux, on propose une alternative un peu moins stricte que les labels bio, sorte d’étape dans la transition : bref, ce label a l’air d’être au top !
Alors, qu’est-ce que change le label HVE ?
Concrètement… Rien ou presque.
Le cahier des charges et l’audit pour obtenir la certification niveau 3 sont d’un niveau ridiculement faible.
L’obtention du label n’est qu’une formalité administrative pour les exploitants agricoles.
Cette certification n’impose pas de liste de produits interdits, n’oblige pas les éleveurs à mieux nourrir leurs bêtes, n’impose rien en matière de préservation de l’environnement.
Reprenons l’une des promesses vertueuses mises en avant par l’Association Nationale pour le développement de la certification HVE :
« une agriculture qui limite au maximum les intrants »
Ça veut dire quoi, concrètement ? Un volume, un pourcentage, une liste d’interdiction, un système de mesure et de contrôle strict ?
Non. Rien.
Des mots, mais pas des actes.
Label HVE : culture intensive, pesticides, folie énergétique
Plus grave, le label HVE est totalement complaisant avec les pires dérives de l’agriculture intensive et des lobbys de l’industrie phytosanitaire.
Ainsi, la certification HVE niveau 3 permet l’usage des produits les plus nocifs :
- Pesticides cancérogènes (qui provoquent le cancer)
- Pesticides reprotoxiques (qui nuisent à la fertilité et à la reproduction)
- Produits mutagènes (qui peuvent provoquer des mutations génétiques)
Le label HVE ne voit pas non plus de problème à ce que des géants industriels fassent pousser des tomates au cœur de l’hiver, dans de gigantesques serres chauffées et éclairées 24h/24.
Pourquoi faire pousser des légumes dans le sol, quand on peut le faire dans des serres géantes qui consomment autant d’électricité qu’une ville, avec en prime la bénédiction des services de l’Etat ?
Il n’y a rien sur la pollution des sols, des eaux ou de l’air.
Un audit au ras des pâquerettes
Un reportage complet diffusé sur France.tv, dans l’émission « Sur le front » vous donnera un excellent aperçu de la réalité sur ce label prétendument écolo.
On y découvre notamment comment se déroule un audit pour obtenir la certification niveau 3 et avoir le fameux label HVE.
Et c’est affligeant et ridicule.
Ainsi, un agriculteur qui aurait quelques mètres de haie autour de ses champs, ou bien quelques arbres plantés devient un parangon de la biodiversité !
Pour un élevage, l’origine de l’alimentation ou le bien-être animal ne sont pas pris en compte.
Côté utilisation de produits phytosanitaires, ne changez rien !
Continuez à balancer le poison que sont les pesticides les plus nocifs partout dans la nature, vous serez un chantre de l’écologie.
Pour un viticulteur ou un agriculteur, l’obtention du label HVE ne change rien en termes de production.
L’audit abaisse les contraintes et les obligations environnementales à un niveau tellement bas, que tout le monde l’obtient sans le moindre effort.
Les agriculteurs bio en guerre contre le label HVE
Il n’est donc pas étonnant de voir depuis des années des agriculteurs et éleveurs bio vent debout contre l’aspect trompeur du label HVE.
Pour certaines enseignes spécialisées, ou sur certains marchés, n’évoquez surtout pas le HVE, vous allez énerver tout le monde.
Rappelons que les agriculteurs bio s’engagent dans une démarche très contraignante.
Vouloir faire du bio, c’est respecter un cahier des charges strict. C’est favoriser, réellement, la biodiversité. C’est ne pas utiliser du tout de pesticides de synthèse. C’est investir des sommes très importantes, parfois en centaines de milliers d’euros, pour restructurer l’exploitation. C’est penser au bien-être des animaux.
Bref, le bio c’est sérieux. C’est un vrai gage de qualité.
Or sur les étals, les produits bio (fruits, légumes, viande…) se retrouvent en concurrence directe avec ce macaron qui fait penser à une belle campagne dont la nature est protégée et préservée, qui fait penser à des produits sains… Alors que tout est faux.
Agriculteurs bio, défenseurs de l’environnement, associations de consommateurs : ce label HVE arrive à se mettre tous ces organismes à dos.
Par exemple, l’UFC Que Choisir pointait ainsi du doigt à plusieurs reprises les incohérences de ce label, et le fait qu’il n’interdise en rien d’utiliser des pesticides cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques.
Notre avis sur le label HVE : c’est du greenwashing
Nous n’allons pas y aller par quatre chemins :
à notre avis, le label HVE est du greenwashing organisé avec l’aide de l’Etat, donc l’argent de nos impôts.
Ce label ne garantit rien à personne.
Les pesticides, même les plus dangereux, restent totalement autorisés. Il n’y a aucune contrainte réelle, aucune obligation matérielle, aucune norme spécifique à respecter.
Ce label permet de faire pousser des tomates en pleine nuit en hiver, à grand renfort de gigantesques serres chauffées et éclairées, qui transforment le ciel étoilé de la campagne en salle de discothèque.
Pire, ce label est trompeur !
Il fait croire au consommateur qu’il achète des produits sains, écologiques et bons pour l’environnement, pouvant les inciter à se détourner du bio, alors que tout cela est fondamentalement mensonger.
Pour revoir l’émission complète Sur le front :
https://www.france.tv/france-5/sur-le-front/5018848-hve-le-label-qui-tue-le-bio.html
Et vous ? Est-ce que vous vous doutiez de ce que cache réellement ce label ? Qu’en pensez-vous ? Dites-le-nous en commentaire.
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